Le DOJO

Aujourd’hui, quel judoka dit qu’il va s’entraîner au Dojo ?

Il est plus fréquent d’entendre « je vais m’entraîner au club, ce soir ». Or le club représente, dans les faits, un ensemble d’équipements. Un club de judo moderne comprend, des vestiaires, des douches avec les commodités, une salle de réunion ou d’accueil, parfois une salle de musculation et … le Dojo.

L’art du judo-jujitsu commence par la maîtrise de petites choses et nous sommes dépositaires de règles précises et incontournables, faute de quoi nous perdrons notre identité et nos valeurs.

 

L’éthique du Judo

 

Le judo-jujitsu s’inscrit dans l’ensemble de la famille du Budo (arts martiaux japonais). Un certain nombre de rites et de pratiques l’accompagne et sont issus des temps féodaux du Japon. En ces temps là, il existait différents arts militaires et techniques de combat qui correspondaient à la façon de se battre des samouraïs. Parmi ces techniques existait le Jujitsu, d’où est né le Judo actuel. Or les temps féodaux ont pris fin sous le règne de l’empereur Mutsu-Hito (1867-1912).  L’année 1868 fut une année terrible pour les arts martiaux car le Japon venait de décider de s’ouvrir aux sciences, aux arts et techniques de l’occident.

C’est ainsi que les arts martiaux déclinèrent rapidement et bientôt ne subsistèrent plus que quelques écoles privées. Un homme a remis tout cela en question. Il s’appelait Jigoro KANO et est le père fondateur du Judo. Jigoro KANO (1860-1938), Shihan (grand maître, exemple), qui fonde en 1882 la première école de Judo-Jujitsu, le KODOKAN (Ecole pour l’Etude de la Voie). Le premier dojo de judo-jujitsu était né. Le judo devenait une méthode de développement de l’esprit et du corps. Au-delà de la compréhension des techniques de combat, qui peut se révéler superficielle, il faut pénétrer l’esprit de la technique. Pour un pratiquant de Budo et par conséquent de judo-jujitsu, cela se traduit par l’importance qu’on accorde aux petites comme aux grandes choses. C’est pourquoi, il faut d’abord apprendre à maîtriser des choses insignifiantes, la manière de se présenter dans un dojo, de le quitter et de saluer.

 

Le dojo

 

Anciennement, salle de temple boudhique, le dojo est aujourd’hui assimilé à l’endroit où l’on pratique un art martial. De salle de méditation boudhique, le dojo devient ainsi le « lieu où l’on étudie la Voie ». Le terme « do » signifie la « voie » et le terme « jo », un lieu précis. C’est une vaste pièce recouverte de tapis d’entraînement (tatamis) qui sont adaptés à la pratique du judo-jujitsu. C’est un endroit unique qui dégage une ambiance propice au travail de l’esprit et du corps au travers de la pratique de « l’art souple ». Le professeur juge aussi ses élèves à leur comportement dans le dojo. Il est d’usage de saluer brièvement à l’entrée et à la sortie du dojo, ainsi que, en montant ou en descendant des tatamis.

Ces valeurs traditionnelles doivent être préservées, ce n’est pas par pur conservatisme, mais parce qu’elles constituent les conditions nécessaires à l’étude du judo-jujitsu et en sont indissociables dans la transmission de nos valeurs. Le dojo est un lieu unique, l’oublier serait une grave erreur et viendrait dénaturer la pratique du judo-jujitsu.

 

La surface d’entraînement

 

Au Japon, le tatami désigne les nattes qui recouvrent le parquet des demeures nippones. Sa dimension standard est d’environ un mètre sur deux. Il est constitué de chanvre tressé, de lin ou de paille de riz, recouvert d’une toile. Dans le dojo, le tatami est, aujourd’hui, essentiellement constitué de mousse agglomérée recouverte de vinyl ou d’une toile. Ces ensembles de tatamis sont posés sur un plancher fixe qui peut être monté sur ressorts ou plots en caoutchouc. Un tel dispositif permet une pratique du judo-jujitsu qui favorise de bons appuis. Le judo y devient plus nerveux, plus explosif, rapide et surtout les chutes sont mieux amorties (malgré l’impression de dureté du début). Un bon tatami doit, au moment de l’impact lié à une projection, diffuser les vibrations du choc, rapidement et sur une grande surface. Sur un tapis trop mou, l’onde de choc resterait concentrée au point d’impact.


Les différents côtés du dojo

 

Face à l’entrée d’un dojo on devrait voir, sur le mur, un ou plusieurs emblèmes symboliques, une photo de Jigoro KANO, un kakemono (toile qui s’enroule sur un bois) avec le Code Moral, une fleur de cerisier, des calligraphies japonaises etc. Lorsque les élèves et les professeurs montent sur le tapis, ils se placent à des endroits précis. JOSEKI est la place où se situe le professeur au moment du cérémonial de salut de début et de fin de cours. JOSEKI se situe précisément du côté des emblèmes symboliques. Face à JOSEKI se trouve SHIMOZEKI où se placent les élèves débutants (kohaï). A droite de JOSEKI se trouve la place d’honneur, réservée aux invités de marque, visiteurs de qualité, c’est KAMIZA. Ce côté peut être  réservé à l’exposition des trophées remportés par le club. Enfin, à la gauche de JOSEKI se situe SHIMOZA, place, en principe, réservée aux ceintures noires, les étudiants avancés ou « sempaï ». Bien entendu, les particularités architecturales des constructions et les accès au tapis ne permettent pas toujours de tenir compte de ces principes d’organisation.

 

L’ambiance

 

Sans être franchement solennelle, il doit se dégager de cet ensemble une atmosphère feutrée et propice à l’étude du judo-jujitsu. Aucune salle de sport ne ressemblera jamais à cet ensemble de caractère et de particularités qui font un vrai dojo. Cet endroit doit se prêter au travail et à la concentration des pratiquants. Le professeur (senseï) favorise cette atmosphère studieuse. Il dirige, explique et rythme le travail des élèves. Les élèves les plus gradés peuvent prodiguer des conseils aux nouveaux venus, mais toujours avec discrétion et bienveillance.

Les parents, visiteurs ou spectateurs doivent se montrer discrets, s’abstenir de fumer et respecter l’ambiance studieuse du dojo.

Il est recommandé de ne pas laisser traîner ses affaires, de ranger les bouteilles d’eau à la fin des cours. Les zooris (chaussons) doivent être correctement rangés en bord de tapis.

Alors, malgré le développement du judo-jujitsu sportif qui conduit à modifier le paysage de l’entraînement traditionnel, il est important de maintenir quelques règles et un état d’esprit indissociables de la pratique du judo-jujitsu afin qu’elle se déroule harmonieusement et efficacement en ce lieu unique qu’est un dojo.

 

 

Les aspects réglementaires

 

L’équipement et les dispositions diverses d’un dojo sont assujettis à l’arrêté du 10 mai 1984 modifié. Un rappel de cette réglementation, ainsi que les informations techniques liés aux garanties d’hygiène, technique et de sécurité, figurent dans le recueil des textes officiels de la FFJDA.


Il existe deux formules antérieures à Jigoro KANO pour rappeler l’évidence pour qui sait voir :

Ju-yoku-go-o-sei-suru = la souplesse maîtrise la dureté.

Karada-so-shite-ni-jujun-narashimeru-jitsu : l’art de rendre le corps obéissant de l’esprit.

Marcel BRENGARD